Décembre 2017

27 décembre : Contresens mortel sur l'A6 en Saône et Loire

 Trois personnes sont décédées, deux sont dans un état critique après un choc frontal sur l'autoroute A6, dans le Mâconnais, dans la nuit de mardi à mercredi. Une voiture à contresens a percuté de plein fouet un véhicule arrivant en face. Le bilan est lourd : trois morts, dont les deux conducteurs et une fillette de 4 ans. Un adolescent est dans un état critique.  Selon l' AFP, le choc s'est produit vers minuit et demie, au niveau de la commune de Fleurville (Saône-et-Loire).  Selon les premières déclarations de témoins, le conducteur de la Clio II, un homme de 79 ans, se serait engagé à contresens sur l'A6 au niveau de Feillens (Ain). Il aurait parcouru une vingtaine de kilomètres, avant de percuter le Renault Scénic qui transportait un couple et trois enfants. Le père, âgé de 39 ans, est mort sur le coup. La fillette de 4 ans a succombé à ses blessures peu après la collision. Un adolescent de 13 ans a été évacué en urgence absolue dans un hôpital spécialisé de la région. La mère de famille et son autre fils, de 13 ans également, auraient été pris en charge, légèrement blessés mais très choqués, à l'hôpital de Mâcon. 

Selon APRR, la société gestionnaire du réseau autoroutier, un patrouilleur qui circulait à proximité peu avant l'accident aurait tenté d'alerter le conducteur de la Clio II. Il s'est porté à sa hauteur depuis l'autre sens de circulation, et a multiplié les appels de phares et les signaux sonores. Sans succès.

 Commentaires :

Ce type d'accident suscite une incompréhension particulière dans la mesure où la présence d'un véhicule à contre-sens de la circulation sur autoroute est inconcevable sur un réseau conçu pour éviter les collisions frontales.  Les prises à contresens sur autoroute occasionnent chaque année une trentaine d'accidents corporels dont une dizaine mortels. Elargi à l'ensemble des routes à chaussée séparée, le nombre d'accidents mortels est de l'ordre d'une vingtaine par an (lire la suite).

20 décembre : Communication sur l'alcool au volant pour les fêtes

Comme chaque, la Sécurité Routière alerte sur les risques d'accident liés à l'alcool en ces périodes de fêtes. Pour marquer les esprits, des animateurs vedettes de télévision etde  radio s'unissent pour dispenser les messages de prudence en martelant que « Quand on tient à quelqu'un, on le retient », ils s'engagent pour la sécurité routière.

La Sécurité routière rappelle qu'en 2016, l'alcool était en cause dans près d'1/3 des accidents mortels faisant plus de 1 000 morts et près de 3 500 hospitalisations.

Commentaires :

Ces campagnes de sensibilisation n'ont pas été vaines. Depuis plus d'une dizaine d'année, on remarque que ces périodes n'enregistrent plus de pointe d'accidents mortels. On dénombrait une quarantaine de personnes tuées à la fin des années 2000 le 25 et 26 décembre, une vingtaine dans le milieu des années 2000/2010 et moins d'une quinzaine depuis 2010, soit une baisse plus forte que la moyenne annuelle. Le réveillon du jour de l'an reste plus meurtrier. Pour autant, il se situe dans la moyenne d'un week-end normal (samedi/dimanche). On connait des week-ends bien plus meurtriers. Le seul restant, correspondant à une période des fêtes est celui de la Pentecôte.

On dénombrait une quarantaine de personnes tuées au début des  années 2000 le 31 décembre et le 1er janvier, une trentaine dans le milieu des années 2000/2010 et une vingtaine depuis 2010.

Conjugué à l'alcool, même pour des taux inférieurs au taux légal, le risque est  grand, conjugué à la fatigue liée à des retours très tardifs à la quelle s'ajoutent parfois  de très mauvaises conditions météorologiques.

19 décembre : Clôture des assises de la mobilité

Lancées en septembre 2017 par la ministre chargée des transports, les Assises nationales de la mobilité se sont déroulées jusqu'en décembre 2017. Cette consultation était adressée à tous les acteurs du territoire pour préparer la Loi d'orientation des mobilités, présentée au premier semestre 2018.

Réparties sur 3 mois, de septembre à décembre 2017, les Assises nationales de la mobilité visaient à identifier les besoins et les attentes prioritaires de tous les citoyens autour de la mobilité en accordant une attention particulière aux transports de la vie quotidienne, aux zones rurales et périurbaines.

Les synthèses de ces travaux sont disponibles. Un des ateliers était dédié à la sécurité des transports dont la sécurité routière et un autre aux modes actifs dont les piétons et les cyclistes

Commentaires :

Il est difficile de savoir ce qui sortira de ce vaste brain-storming pour ce qui concerne la sécurité des déplacements d'autant que c'est le ministère de l'Intérieur qui a en charge la sécurité routière. Certaines réunions ont permis d'entrevoir d'ailleurs des sensibilités différentes entre ce ministère et celui des transports en charge de la future loi. L'un voit la sécurité routière comme un élément de la sécurité publique, l'autre comme un critère de la mobilité durable.

14 décembre:  Accident meurtrier d'un car scolaire à un passage à niveau

L'accident est survenu sur la RD 912 à hauteur de Millas dans les Pyrénées orientales sur la route départementale 612 au passage à niveau n°25  de la ligne de train assurant la liaison Perpignan-Villefranche de Conflent. Un car scolaire avec à son bord vingt enfants d'un collège de la commune a été heurté par un TER et littéralement coupé en deux. Le bilan provisoire est de six enfants décédés et 14 autres blessés. La conductrice, âgée de 48 ans et employée des autocars Faur, est également grièvement blessée. Le plan NOVI (nombreuses victimes) a été activé par la préfecture des Pyrénées-Orientales pour répartir les victimes vers les différents hôpitaux et cliniques en fonction de la gravité de leurs blessures. 

Les causes de l'accident sont encore inconnues. Les barrières du passage à niveau étaient-elles ouvertes ? La SNCF a indiqué que "selon des témoins, le passage à niveau a fonctionné normalement. Ce passage à niveau  est un passage à niveau dit "classique" doté d'une signalisation automatique et de deux barrières. Il n'était pas classé comme dangereux.

Le procureur a ouvert une enquête pour "homicides et blessures involontaires", a saisi le pôle accident du tribunal de Marseille, spécialisé dans les accidents collectifs, dont des magistrats se sont déplacés sur les lieux du drame. Outre une enquête de la SNCF, une enquête administrative a été ouverte par le Bureau Enquête Accidents (BEA).

Commentaires :

"Dans 98% des cas" les accidents sur les passage à niveau sont liés au comportement des automobilistes, " est un argument souvent ressorti à l'occasion de ce terrible accident. Certes, certains conducteurs font fi de la signalisation et prennent des risques. Pour autant, dans un accident sur deux, l'infrastructure a aussi sa part de responsabilité (si on veut bien admettre qu'un accident est multi facteur). Si des accidents surviennent régulièrement au droit des passages à niveau, il faut aussi se poser la question si ses modalités de fonctionnement sont bien adaptées aux conditions de circulation routiere et ferrée du 21ème siècle car les collisions au droit des passages à niveau sont hélas récurrentes. Elles sont  trop vite imputées à une imprudence du conducteur. Pour autant, l'analyse des accidents montre bien qu'il intervient d'autres facteurs pouvant rendre ce type de catastrophe évitable.

Une vraie prise de conscience s'est produite lors de l'accident qui s'est produit à Port-Sainte Foix le 8 septembre 1997 en Dordogne.
Cet accident, survenu au passage à niveau no 395 de cette commune fit 13 morts et 43 blessés, dont 10 gravement brûlés. Cette gravité fut due en partie  causée par le  camion-citerne chargé d'hydrocarbures.

À la suite de cet accident, un programme d'actions a été mis en place par le ministère des transports. Une liste de 364 passages à niveau qualifiés de « préoccupants » a été établie conduisant à un programme de suppression et de remplacement par un passage dénivelé. Le programme a débuté en 2002 avec un objectif de suppression de 15 passages par an.

Le 2 juin 2008, une collision entre un train express régional (TER) et un bus de transport scolaire sur un passage à niveau situé à Allinges (Haute-Savoie), près de Thonon-les Bains, fait sept morts, tous des enfants, et trois blessés graves. L'accident fait en outre 22 blessés légers dans l'autocar, ainsi qu'un blessé léger dans le train et un autre dans un véhicule qui suivait l'autocar.

Le drame d'Allinges, s'il n'est pas intervenu sur l'un des 364 passages à niveau jugés «préoccupants» par Réseau ferré de France (RFF), a ravivé  le débat sur la nécessaire sécurisation de ces passages à niveaux.  On dénombrait  alors 15 100 passages à niveau,  115 collisions, 38 personnes tués. En 2016, la SNCF en  comptabilisait 111 collisions lors desquelles 31 personnes ont été tuées et 15 blessées gravement. Cette donnée reste donc quasiment stable à l'exception d'un pic en 2013 avec  148 accidents. A noter que le fichier des accidents de la circulation n'en recense qu'une trentaine. Cette différence s'explique parce que les accidents impliquant un piéton à un passage à niveau ne sont pas considéré comme un accident de la circulation.

Rappelons les conclusions du BEAT-T sur l'accident d'Allinges dans la mesure où la question qui se pose est de savoir si les recommandations realtive au fonctionnement des passages à niveau ont été suivies d'effet :

La cause immédiate de cet accident est l'immobilisation de l'autocar sur le passage à niveau, alors que l'arrière engageait encore la voie ferrée. La cause de cette immobilisation, qui n'a pu être établie précisément, a pu combiner des problèmes mécaniques (injection, boite de vitesse) et des facteurs humains (panique du chauffeur, mauvaise manoeuvre).

Deux facteurs, liés à la configuration et au mode de fonctionnement du passage à niveau, ont également joué un rôle dans cet accident :

➢ la géométrie difficile de la traversée routière, rendant le franchissement du passage à niveau long et délicat pour les véhicules lourds obligés de rouler très lentement ;

➢ la marge de sécurité étroite offerte par le délai d'annonce des trains (d'une part avant l'abaissement des demi-barrières et d'autre part avant l'arrivée du train) pour un véhicule s'engageant au moment du déclenchement des signaux d'annonce. L'état mécanique de l'autocar et le manque de pratique de ce véhicule

A la suite de cette enquête, le BEA-TT a émis trois recommandations visant à :

➢préciser les actions à entreprendrelorsque des difficultés de franchissement par certains véhicules routiers sont détectéeslors des inspections de sécurité des passages à niveau ;

➢adapter les règles fixant les délais d'annonce des trains et de fermeture des barrières afin de prendre en compte le temps réel de franchissement des passages à niveau par les véhicules routiers autorisés ;

➢ préciser le domaine d'emploi des feux rouges clignotants additionnels qui peuvent être placés à l'arrière des feux de droite des passages à niveau


9 décembre : Hausse de la mortalité en novembre

Selon l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), 281 personnes ont perdu la vie sur les routes de France métropolitaine en novembre 2017 soit hausse de 8,9% par rapport à novembre 2016.  Sur les onze derniers mois, la mortalité est quasi stable avec +0,9%. Sur les douze derniers mois, la mortalité routière affiche une hausse de +1,3 %%, soit 59 personnes  tuées de moins par rapport aux 12 mois précédents. 

Commentaires :

Novembre 2017 est le sixième mois à la hausse de 2017 par rapport à 2016. Il annule l'espoir d'une tendance à une baisse régulière enregistrée depuis 4 mois.  Le bilan de l'année 2017 sera terminé par le bilan de décembre. Selon qu'il sera bon ou mauvais, l'année 2017 sera en légère baisse ou en légère hausse. Pour faire aussi bien, il conviendrait d'enregistrer moins de 315 personnes tuées. Comparé à décembre 2016, il s'agirait d'une baisse de 6,5% de la mortalité.

Certains facteurs comme la reprise économique constituent un facteur défavorable, ainsique les facteurs de fond comme le vieillissement de la population et l'attrait des distracteurs au volant. La persistance d'un temps clément début novembre se traduit également par une hausse de la mortalité des deux-roues. Ces derniers connaîtront une hausse annuelle substantielle eue égard à une année plutôt peu  pluvieuse.

Décembre 2016 avait battu des records d'ensoleillement et de faibles précipitations. Il a aussi connu le niveau de mortalité le plus élevé depuis dix ans. plus mauvais Il a été le mois de décembre le plus sec depuis 1958, juste devant celui de 2015. Les conditions météorologiques de cette année s'annonce beaucoup plus de saison.

6 décembre : Annonce d'un prochain CISR en janvier

Le président de la république, Emmanuel Macron,  avait annoncé en septembre devant les préfets la présentation le mois prochain d'un nouveau plan pour améliorer la sécurité routière face à des chiffres récents qui "ne sont pas bons". Finalement, la mise au point des mesures a pris un  peu plus temps, nécessitant probablement des arbitrages entre ministères pouvant avoir des objectifs différents. Quelques fuites dans les médias ont conduit le Premier ministre à annoncer que le prochain CISR, le premier de cette mandature, se tiendra probablement le 18 janvier prochain. Parmi les mesures, celle de la baisse de la vitesse maximale autorisée sur les routes  hors agglomération bidirectionnelles de 90 km/h à 80 km/h fait parler. Une autre mesure est évoquée concernant l'interdiction des engins de déplacement personnel sur les trottoirs se faisant écho des assisses de la mobilité en cours. En revanche, la baisse du taux d'alcool à 0,2 g/l semble écartée.

Commentaires :

Le dernier CISR datait du 2 octobre 2015. Il avait retenu 22 mesures qui s'ajoutaient à 26 autres prises en début d'année 205. Force a été de constater que ces mesures n'ont pas produits d'effets immédiats même si elles étaient nécessaires. Elles ont peut-être permis une hausse plus importante de la mortalité qui peut s'expliquer par différents facteurs comme la reprise économique, le vieillissement de la population, la multiplication des distracteurs ou les dispositifs d'avertisseurs de radars. Le comité des experts du CNSR avait proposé dans un rapport en 2013 une mesure de rupture consistant à baisser la vitesse maximale autorisée à 80 km/h sur les routes de rase campagne. Cette mesure était susceptible d'épargner environ 400 vies sur une année dès son application. Finalement, le précédent gouvernement a tergiversé en menant une expérimentation sur à peine une centaine de kilomètres (lire actualité de juin 2015). Les résultats de cette expérimentation n'ont pas encore été rendus publics mais il irait dans le bon sens comme le révèle un rapport du Sénat (lire actualité d'octobre). Le nouveau gouvernement semble décidé à prendre cette mesure mal perçue par une grande majorité d'usagers. Un gros effort pédagogique sera nécessaire pour mettre en œuvre cette décision d'autant qu'il existe d'autres scénarios. Pour autant, cette mesure ira dans le bon sens comme aurait été dans le bon sens une baisse du taux d'alcool à 0,2. Il semblerait que le lobby de l'alcool soit efficace pour éviter une telle mesure (lire débat)



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