L’Observatoire interministériel à la sécurité routière a publié fin janvier le bilan provisoire de l’accidentalité 2021. 2947 personnes seraient décédées en 2021 sur les routes de France, en France métropolitaine. Ce chiffre est inférieur de -9 % à celui de 2019.
2021 a été marqué par une reprise des déplacements, modérés néanmoins par une période de confinement en avril, de couvre feux sur l’ensemble du premier semestre, et de plusieurs périodes où le télétravail était fortement recommandé.
L’ONISR a pris le parti de comparer les données 2021 à celle de 2019.
Le nombre de tués par million d’habitants s’établit à 44 tués/Mhab. pour 50 en 2019 et 39 en 2020 année particulière du fait de la pandémie.
L’ONISR constate que les deux ans de pandémie de COVID-19 ont conduit les usagers à adapter leur comportement : en fonction des contraintes de déplacement – autorisé ou non, solo ou non, des règles de distanciation sociale, des loisirs accessibles, du télétravail. Il est particulièrement compliqué de distinguer ce qui finalement relève des ajustements ponctuels aux contraintes liées à la gestion de la crise sanitaire des nouvelles habitudes de vie qui pourraient avoir été prises (transfert vers la marche et le vélo pour le domicile-travail, loisirs nature de proximité plutôt que départs en weekend, institutionnalisation du télétravail, réduction des déplacements professionnels grâce aux visio-conférence, …).
Elle constate ainsi deux périodes dans l’année : le premier semestre lors duquel la forte réduction de la mortalité routière comporte une composante indéniable liée au couvre-feu, qui impose en hiver de rentrer de jour, puis limite les retours de soirées alcoolisés ; le deuxième semestre qui semble reprendre une vie normale : l’accidentalité corporelle est globalement équivalente à celle de 2019, mais la mortalité routière reste en deçà pour la plupart des usagers de la route, et pourrait être le signe d’une inflexion des comportements.
Le nombre de tués baisse quelle que soit la classe d’âge, à l’exception des moins de 18 ans et des 65-74 ans. 83 enfants âgés entre 0 et 13 ans sont décédés en 2021, soit 22 de plus qu’en 2019. L’augmentation est partagée entre les déplacements en véhicule de tourisme hors agglomération et les modes doux (piéton, EDP, vélo) en agglomération. Les blessés en EDP (trottinette), motorisé ou non, augmentent significativement en agglomération.
100 adolescents âgés entre 14 et 17 ans sont décédés en 2021, soit 8 de plus qu’en 2019. L’augmentation porte sur les déplacements en VT hors agglomération. Les blessés en EDP, motorisé ou non, et cyclomoteur augmentent en agglomération. Les blessés en voiturette augmentent hors agglomération.
La baisse de la mortalité en 2021 par rapport à 2019 est liée en grande partie à la réduction de la mortalité automobiliste à hauteur de -211 tués (- 13 %), de celle des 2 roues motorisés à hauteur de -79 tués (- 11 %) et de celle des piétons à hauteur de -67 tués (- 14 %).
En revanche, la mortalité des cyclistes est en hausse de 39 tués (+ 21 %). A cela s’ajoute, 22 utilisateurs d’engins de déplacement personnel motorisés contre 10 en 2019.
La baisse de la mortalité entre 2019 et 2021 la plus importante est hors agglomération avec - 11 % (212 tués en moins), suivie de celle en agglomération avec - 7 % (76 tués de moins). La mortalité sur autoroute ne baisse que de -3 % par rapport à 2019, ce qui traduit un retour à la normale pour le trafic sur autoroute.
Commentaires :
L’ONISR rappelle qu’elle a mis en place un calendrier de publication des indicateurs annuels de l’accidentalité routière labellisés par l’Autorité de la Statistique Publique. Dans le respect des règles de la statistique publique, sont diffusés den début d’année les indicateurs principaux quasi-définitifs de l’accidentalité routière. La publication des résultats définitifs intervient généralement fin mai 2022, une fois finalisée la base de données des accidents corporels de la circulation enregistrés par les forces de l’ordre (base BAAC).
L’ONSIR prend 2019 comme année de référence estimant que l’année 2020 a été très particulière du fait de la période du confinement. Il n’en demeure pas moins que 2021 reste aussi une année atypique du fait de la poursuite de la pandémie et des périodes de couvre-feu sur la pratiquement l’ensemble du premier semestre. D'ailleurs, ce bilan est supérieur de 17% par rapport à 2020. La mortalité routière marque donc un retour inquiétant à la normale. Ce constat se confirme à l’analyse du nombre des accidents corporels qui ne baisse que de -4 %, et celui du nombre des blessés que de -5%. Il se confirme également par l'analyse de l'évolution du taux de mortalité. Ce taux est de 51 pour 1000 accidents au cours du premier semestre 2021 soit 4 points sous la moyenne de l’année mais de 58 au cours du second semestres 2021 soit 3 points au-dessus de la moyenne.
Par classe d’âge, l’ONISR note l’augmentation inquiétante des jeunes, notamment de moins de 13 ans, traduction d’une plus grande exposition à la marche mais aussi de l’usage des trottinettes qui apparaissent dans les statistiques. A l’inverse, la baisse de la mortalité des plus de 75 ans peut s’expliquer par une moindre exposition au risque dans le contexte de la pandémie.
L'année 2022 devrait être une année "plus proche de la normale". La question sera de savoir si l'apprentissage des gestes barrières aura un effet favorable sur le comportement des conducteurs ainsi sensibilisés aux gestes de prévention.