Bande d'arrêt d'urgence

Définition :

La bande d'arrêt d'urgence (appelée dans le jargon technique  BAU) est la partie de l'accotement située en bordure de la chaussée et spécialement réalisée pour permettre, en cas de nécessité absolue, l'arrêt ou le stationnement des véhicules (article R 110-2 du code de la route).

Commentaires :

L'article R 412-8 précise bien que la circulation sur les BAU est interdite avec en cas d'infraction des peines sévères, aggravées par le décret n°2012-3 du 3 janvier 2012 (amende de 4ème classe). C'est dire l'importance que revêt cette voie du point de vue de la sécurité, essentiellement sur les voies rapides où sa présence, par conception s'impose. L'article R 412-22 définit le type de ligne délimitant une BAU soit continue, soit discontinue. L'article précise qu'elles ne peuvent être chevauchées sauf nécessité absolue.

Il est inquiétant de constater que des projets envisageant l'ouverture de la bande d'arrêt d'urgence (BAU) de façon temporaire ou permanente, généralisée ou réservée à certains types d'usagers semblent se multiplier à l'heure actuelle Ces projets ouvrant la BAU à la circulation (de façon généralisée ou non) visent à augmenter le trafic  et à une optimisation de l'utilisation des infrastructures existantes.

Ces expérimentations qui sont parfois menées sans autorisation d'ores-et-déjà remettent en cause le statut et la fonction principale de la BAU. La BAU joue un rôle déterminant pour la sécurité des usagers, des intervenants, et pour la capacité de la voie. Son utilité est en effet justifiée par les diverses fonctions qu'elle assure :

En matière de sécurité, elle :

- offre des possibilités d'arrêt d'urgence pour les usagers,

- contribue à la sécurité des usagers en panne ou en difficulté,

- facilite l'intervention des secours,

- constitue une zone de récupération en cas de perte de contrôle d'un véhicule,

- constitue une surface potentielle d'évitement d'obstacle,

- contribue à préserver les règles de visibilité sur la chaussée (notamment en courbe à droite de faible rayon,

- autorise le recul des fourgons d'exploitation signalant une queue de bouchon,

- contribue à la sécurité du personnel d'entretien.

En matière de capacité, elle :

- facilite le dégagement de la chaussée en cas d'incident ou d'accident,

- facilite les opérations d'entretien et d'exploitation,

- constitue une potentialité de voie supplémentaire lors de travaux.

On peut aussi souligner le caractère indispensable du maintien de la B.A.U. en tunnel, et son utilité avérée pour les déplacements des services nécessitant une intervention rapide et sécurisée.

Une utilisation détournée de la B.A.U. soulève de graves questions concernant la sécurité des usagers et des agents d'exploitation.

Une étude du CEREMA (ex CERTU) avait conclu que ces suppressions devraient rester exceptionnelles et limitées.  Les coûts seront élevés, et donc ne seront que rarement justifiables.

La sécurité sur Bande d'Arrêt d'Urgence (BAU) fait, en tout cas, l'objet de préoccupations tant pour les personnels en intervention des sociétés d'autoroutes que pour l'ensemble des usagers de l'autoroute.

Un certain nombre d'accidents survient à la suite d'arrêts injustifiés ou évitables d'usagers sur BAU. En ce qui concerne la sécurité des personnels en intervention, les débords sur la bande d'urgence sont, entre 2007 et 2010, à l'origine de nombreux heurts de véhicules arrêtés pour des motifs de service : 1 accident du personnel sur 4 est localisé en BAU (97 accidents).

La sécurité sur BAU est de fait un enjeu de sécurité important sur autoroutes. Alors que les accidents sur BAU représentent moins de 1% de l'ensemble des accidents recensés par les sociétés d'autoroutes, ces derniers provoquent 4% des accidents mortels et 5% des tués.

 L'étude fait ressortir que plus de la moitié des arrêts recensés ou identifiés après analyse sont :

soit totalement injustifiés (pause tachy PL, sieste, téléphone, consultation d'une carte, miction...) et auraient pu attendre jusqu'à l'aire de repos suivante.

Les arrêts totalement injustifiés sont tout d'abord le fait des poids lourds, dont les chauffeurs s'arrêtent sur les refuges, voire en BAU, pour non anticipation du respect de leur temps de conduite (23 % des motifs d'arrêt PL). 41,8 % des motifs d'arrêt pourraient être facilement évités au prix d'un effort de précaution ((défauts des pneumatiques dus à l'usure ou au sous-gonflage, chargements mal arrimés, pannes de carburant).  Les véhicules attelés (VL + caravane, remorque ou bateau) sont particulièrement concernés par les problèmes de pneumatiques, crevaison ou éclatement. 63,7 % d'entre eux s'arrêtent en BAU pour ce motif. Les fourgons, par ailleurs, sont très fréquemment immobilisés en raison d'erreurs de carburant ou de panne sèche (19,2 % des motifs d'arrêt de cette catégorie).

Les arrêts justifiés, dus aux pannes, accidents et malaises sont plus souvent le fait des véhicules légers : 49,6 % d'entre eux s'arrêtent pour une raison valable et inévitable. Ce chiffre n'est que de 26,9 % pour les PL.

La sécurité sur BAU est également un enjeu de sécurité important dans les tunnels. Son importance a été mise en évidence après l'accident dramatique du tunnel du Mont-Blanc. Depuis, des normes très stricts sont imposées pour les tunnels existants et pour ceux à constuire. C'est ainsi que le projet du duplex de l'A86 a été modifié dans ce sens.

Rédaction le 6 mai 2018


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